Interférences sorcières

Projet de recherche FRArt

Où que l’on regarde, la logique financière avance : des pans entiers de la vie sur Terre sont soumis à la logique extractiviste au profit de riches investisseurs et au détriment du vivant. Si la finance provoque d’un côté des critiques expertes, de l’autre un dégoût et une révolte profonde, elle nous laisse généralement dans un état d’impuissance et de paralysie comparable à celui d’un pouvoir sorcier. Les mots, les images et les objets que nous avons à notre disposition ne suffisent pas à exprimer la nature de l’emprise de ce pouvoir sur chacun et chacune d’entre nous, sur nous en tant que corps social. Ils semblent ne pas nous suffir pour nous permettre de faire prise sur le monde de l’économie et de la finance et penser un renversement. 

Avec ce projet, le Laboratoire entend poursuivre et approfondir le travail de parasitage et de bouleversement des langages de l’économie et de la finance pour en créer de nouveaux, faire émerger une expression sensible de nos expériences, une contre-fiction à opposer à la mythologie capitaliste et in fine, provoquer une mutation, une transformation.

Le territoire de notre recherche se situe sur une ligne tracée entre Londres et Francfort, ligne d’un câble destiné à la circulation ultra-rapide des ordres (et désordres) boursiers du Trading à haute fréquence.

Le projet Interférences sorcières explore, à travers des écritures sorcières, d’autres fréquences, d’autres voies narratives ou fictionnelles qui soutiennent une définanciarisation du monde. Il articule une recherche fondamentale sur les éléments constitutifs du langage de la finance comme autant de portes d’entrée vers ce monde obscur, une pratique de la marche et de la dérive comme moyen d’accès sensible à la finance et à ce qu’elle produit, et le traitement d’informations collectées le long de ce parcours reliant Londres à Francfort (avec au milieu Bruxelles) comme témoins des expériences vécues sur ces territoires. Pour chacun de ces trois axes, des formes d’écritures multidisciplinaires émergent telles qu’un lexique sorcier, des recherches iconographiques approfondies, des représentations topographiques et cosmogrammes.

Le projet alternera des périodes de recherche par les membres du Laboratoire et des expérimentations et ateliers de création menés avec des étudiant.e.s. de l’ESA Saint-Luc Bruxelles. Ces recherches construisent la trame théorique, poétique et politique du projet de création Slow Fréquence Walk.

Quoi ?

Interférences sorcières est un projet de recherche soutenu par le Fonds de la Recherche en Art (Fnrs).

Avec qui ?

En collaboration avec l’ESA St Luc, Bruxelles.

Quand ?

La recherche se déroule d’octobre 2019 à juin 2020.